Entre l’impact financier de la crise sur les acheteurs, le manque de visibilité sur l’avenir et la prudence des banques face à la montée des risques, la situation reste morose sur le marché immobilier malgré le déconfinement.
Suite au déconfinement et à la reprise des activités, peut-on dire que la reprise a commencé sur le marché immobilier ? Y a-t-il des changements de prix ? Comment qualifier le comportement des banques ?
Pour répondre à ces questions, Médias24 a contacté Maître Hassan Slaoui (notaire à Casablanca), William Simoncelli (PDG de la société de conseil en immobilier Carré Immobilier) et Mustapha Allali (promoteur immobilier et vice-président du FNPI).
Ce qui ressort de leurs réponses, c’est que le secteur, gravement touché par l’état des mesures d’urgence sanitaire, ne s’est pas encore rétabli.
Les transactions immobilières peinent à reprendre un rythme normale et la règle est plutôt l’ajournements et l’attentisme.
« On ne peut ignorer l’impact de la crise sur l’ensemble de l’économie marocaine. Tous les secteurs ont été touchés. Comment espérez-vous que le commerçant local, le médecin, le notaire ou l’avocat … puisse investir immédiatement dans un projet immobilier? » , explique Maître Hassan Slaoui.
« Pour le moment, les gens sont toujours méfiants et ne savent pas s’il faut investir dans l’immobilier. On peut dire qu’il y a un semblant de reprise. Cela dit, pour certains promoteurs c’est une morosité totale », ajoute le notaire.
En effet, la méfiance est au rendez-vous en ce début de déconfinement. Ceci est également observé par William Simoncelli, PDG de Carré Immobilier.
« Nous avons estimé que les perspectives étaient davantage dans une phase d’observation du marché, pour savoir si le moment était venu d’acheter. »
Selon William Simoncelli, PDG de Carré Immobilier, le marché est plus dynamique depuis le début du mois de juin.
« Il n’est pas revenu au même niveau qu’avant le coronavirus. Toutes les ventes qui ont été faites auparavant sont en cours. En revanche, pour toutes les personnes qui souhaitent investir dans l’immobilier, il y a une sorte d’attente -and-see politique. Ces derniers n’annulent pas mais reportent leurs achats. »
Cette décision de reporter s’explique par un manque de visibilité qui persiste. Mais aussi par « la loi de finances corrective qui est attendue par les acquéreurs souhaitant bénéficier de la réduction espérée des droits d’enregistrement », explique M. Simoncelli.
Prix: les efforts sont faits par des développeurs en difficulté
Pour Mustapha Allali, il est peu probable que les prix baissent «à moins que les promoteurs n’acceptent de travailler à perte».
«Le marché était déjà stagnant avant la pandémie, et les prix étaient déjà suffisamment bas. Il ne faut pas compter uniquement sur le promoteur immobilier pour faire baisser le prix. Tous les acteurs (Lydec, conservation des terres, etc.) doivent y contribuer.».
Cela dit, certains promoteurs peuvent choisir de faire des efforts sur la tarification, « en fonction de leurs stratégies de marketing et de marketing. Par exemple, il est possible de faire des efforts sur des produits qui ne sont pas très demandés », explique Allali. .
Pour Maître Slaoui c’est déjà le cas: « Le déclin est réel et s’installe ».
« Les promoteurs sont prêts à passer à l’action. Surtout ceux qui ont financé leurs projets par des prêts bancaires », ajoute le notaire.
Octroi de crédit: les banques sont plus conscientes du risque
Les avis sont partagés sur l’implication de la banque dans la relance des transactions immobilières.
En effet, pour William Simoncelli «On ne peut pas parler de réticence, car les banques n’opèrent pas sur des critères émotionnels mais sur des critères rationnels, à savoir la prise de risque. Elles ne sont pas réticentes mais plus prudentes et strictes dans« l’octroi de crédits ».
Cela dit, Maître Slaoui et Mustapha Allali déplorent le manque d’efforts consentis par les banques pour contribuer à la relance du secteur.
« Avant la séquestration, nous avions signé des promesses de vente. Les banques sont revenues, soit sur le montant, soit en annulant totalement le crédit », a déclaré Maître Slaoui.
« Ils doivent fournir beaucoup d’efforts. Nous avons entendu parler de la baisse du taux de Bank Al Maghrib, mais au niveau des banques, nous n’avons encore rien vu. Au lieu de recevoir un coup de pouce, nous voyons plus de bâtons. Nous espérons qu’ils joueront le jeu et prendront des risques comme tout le monde », explique Mustapha Allali.
Source : Média 24